Gérer sa trésorerie en 2021
Si les situations de trésorerie des PME sont contrastées en ce début 2021, une boussole existe : la gestion prévisionnelle. Guy Degeorges, Daf à temps partagé, livre ici bon nombre de conseils pour dresser son plan de trésorerie et définir les indicateurs pertinents. Avec un objectif : bien connaitre son présent pour préparer l’avenir côté stratégie et financements.
Après presqu’un an d’une activité économique en accordéon, la situation de trésorerie des entreprises varie selon leur secteur d’activité et leurs spécificités propres. À cette analyse, il faut ajouter un paramètre essentiel : « la coproduction massive du crédit par l’Etat et les banques, qui a permis d’éviter un effondrement » résume Guy Degeorges, Daf à temps partagé, qui distingue quatre grandes situations de trésorerie concernant les PME :
- Les entreprises zombie, dont on parle beaucoup.
- Les secteurs très touchés, notamment du fait des fermetures administratives. On pense là bien évidemment aux entreprises de restauration, à celles du spectacle ou à celles relevant de la filière montagne. « Cette catégorie‑là vit ou survit via une économie d’aides. »
- Les entreprises des secteurs qui « s’en sont bien sorti malgré les nombreuses contraintes : on peut citer le secteur de la bande dessinée qui a vu son chiffre d’affaires progresser de 6 % en 2020, certaines librairies ».
- Et enfin les entreprises ayant profité d’« effets d’aubaine car sur un secteur porteur en temps de crise sanitaire, tel que le numérique, la grande consommation, certains services aux entreprises, et qui sont souvent en excédent de trésorerie ».
Pour cette dernière catégorie, Guy Degeorges insiste sur une notion, celle « d’un excédent temporaire de trésorerie » lié aux financements exceptionnels obtenus et non encore remboursés.
« Il y a un danger : que des entreprises qui évaluent mal leurs marges, des situations de trésorerie positive cachent des pertes » alerte le Daf à temps partagé. De fait, les chiffres de différents acteurs dont ceux de la Fédération bancaire française (FFB) en attestent : la progression des crédits obtenus par les PME est énorme : « avec l’effet pervers qui est que l’entreprise en situation d’excédent temporaire ne saisit pas l’opportunité de travailler à sa rentabilité ».
Bon à savoir
Pour les entreprises ayant beaucoup recouru aux financements, Guy Degeorges recommande de discuter avec sa banque ou son pool bancaire de l’impact des financements obtenus sur la notation de l’entreprise. Car un surendettement peut influer sur la cotation, sur les ratios financiers des contrats bancaires, etc.
Les entreprises en excédent de trésorerie doivent donc déployer ou approfondir, selon les cas, leur gestion prévisionnelle. L’objectif étant d’abord de qualifier l’excédent : s’il est structurel, il peut engendrer des placements, s’il est temporaire, il doit déboucher sur des actions de corrections. Mais cette gestion prévisionnelle est essentielle pour toutes les entreprises, quelle que soit leur situation. Or, « l’aptitude d’une entreprise à gérer en terme prévisionnel nécessite d’établir un plan de trésorerie sur cinq ans, avec des hypothèses hausses et basses selon les différents niveaux de reprise d’activité, et aussi un plan de financement pluriannuel pour prendre du recul ». Coté analyse, Guy Degeorges recommande de « combiner hypothèses et échéances et de donner toute son importance à la consommation de trésorerie mensuelle ». Ce qui permettra le cas échéant d’identifier des besoins de financement de trésorerie.
Penser et produire en mensuel
En cette période si atypique, le fait de penser et de produire les indicateurs mensuellement est crucial pour passer le cap et se projeter. La combinaison pertinente serait pour Guy Degeorges : « En fonction des scénarii de reprise d’activité, différentes prévisions de chiffre d’affaires (CA), de rythme d’encaissement de ce CA, de charges fixes ou liées au CA, les incidences de TVA (encaissement et reversement), les différentes hypothèses de remboursement du PGE et des autres dettes, etc. ». Intégrer des hypothèses sur tous ces indicateurs est essentiel : pour preuve, le report de remboursement du prêt garanti par l’Etat (PGE) est seulement recommandé par le Gouvernement. Et concernant les charges sociales, l’accord porte sur un report et non une annulation et un report dont on ignore encore le terme.
Plateformes d’échanges bancaires et outils connectés
Outil de pilotage permettant une vision tout à la fois fine et complète des opérations interbancaires, une plateforme d’échanges multi‑bancaires aidera à ce bon suivi des indicateurs. Utilisez aussi des outils qui permettent la réconciliation du plan de trésorerie avec le compte d’exploitation, ce qui permet des contrôles de cohérence. Il faut donc pour cela disposer de logiciels comptables ou de purs logiciels d’analyse et de gestion de trésorerie interconnectés avec les comptes bancaires de l’entreprise.
Demander de l’aide, elle existe
La première étape ici est de qualifier le niveau d’expertise du dirigeant dans le domaine comptable et financier, puis de savoir s’il reçoit des conseils réguliers en la matière. On pense bien sûr à l’expert‑comptable. Mais cela peut ne pas être suffisant. Pourquoi ne pas utiliser une possibilité, celle initiée par l’association des directeurs financiers et contrôleurs de gestion, Daf for good, à destination des PME et TPE.
Enfin si la situation de l’entreprise est vraiment dégradée et que sa survie est compromise à terme, reste le recours… aux tribunaux. Avant même de parler sauvegarde ou redressement judiciaire, il existe des recours confidentiels. Récemment, la société Pierre & vacances a communiqué sur son recours à la conciliation, mettant ainsi la lumière sur ces voies (mandat ad hoc, conciliation) parfois mal identifiées par les entreprises : « les entrepreneurs sont par nature optimistes. Une qualité qui peut parfois conduire à minimiser le risque de se trouver en cessation de paiement » explique le Daf. Sans compter que les termes comme « tribunal », « procédure », « judiciaire » font peur. Pourtant, les juges du tribunal de commerce, sont eux aussi des chefs d’entreprise déployant « des solutions qui réussissent dans trois quarts des cas… quand on s’y prend à temps ».
À quoi sert un Daf à temps partagé
Profil : généralement Bac + 5, avec en moyenne plus de 10 ans d’expérience en tant que directeur administratif et financier, le Daf à temps partagé est un généraliste opérationnel, très terrain, qui exerce dans plusieurs entreprises : « d’où sa capacité à benchmarker de manière pertinente et rapide les solutions » souligne Guy Degeorges. Son statut aidant, il a la capacité d’être franc avec le dirigeant.
Missions types :
- Au sein de PME et start up qui n’ont pas de directeur financier en interne mais qui ont des besoins en termes de suivi et de mise en place d’outils de pilotage.
- Pour repenser une stratégie de financement au regard de différents objectifs : développement, amélioration de la rentabilité, identification des leviers pour augmenter CA ou initier une stratégie de rebond.